Face au changement climatique Quelles options d'adaptation pour les grandes cultures dans le Cher ?
Face aux évolutions attendues du climat, plusieurs voies s'ouvrent. L'objectif est de compenser les effets qui semblent plutôt défavorables à la culture des céréales. Choix de variétés mieux adaptées, décalage des cycles, diversification des assolements et allongement des rotations...
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Après avoir caractérisé la nature des évolutions climatiques à prévoir et leurs effets sur les itinéraires culturaux du blé dans une exploitation type du Centre de la France, il reste à émettre les hypothèses d'adaptation possible pour les chefs d'exploitation. Des options qui dépendent de choix individuels mais aussi des politiques publiques pour l'agriculture.
Option 1 : Esquiver le stress hydrique et introduire des cultures dérobées
L’objectif est de valoriser les périodes climatiques favorables et d’éviter les périodes de stress liés aux excès de température et au manque d’eau. Pour le blé, cette stratégie repose sur l’utilisation de variétés à montaison et à épiaison plus précoces d'environ une semaine. Elles permettent d'augmenter la biomasse produite lors de l’hiver et sa valorisation en rendement (moins de tallage, plus de grains par épi) et de réduire les pertes liées aux stress tardifs.
Pour l’orge, il est possible d’augmenter la proportion d’orges de printemps semées à l’automne (pour les mêmes raisons agronomiques que le blé) et de semer plus précocement également au printemps, dans les limites de faisabilité en février. Cette stratégie dépend cependant de la disponibilité en matériel génétique adapté et pourrait augmenter les pressions parasitaires sur l’orge de printemps.
Ce décalage ouvre, par ailleurs, l'opportunité de développer l'implantation de cultures dérobées après la récolte des blés, colzas, orges d’hiver, et orges de printemps semés à l’automne, prévue beaucoup plus précoce. Ces cultures dérobées devront être choisies en tenant compte des températures fortes et du manque d’eau qui se feront sentir en période estivale. Leur développement pourrait s’accompagner de celui de techniques innovantes (semis en relais dans la culture précédente) mais reste dépendant de l'existence de débouchés et de filières correspondantes. Il pourrait s'agir de graminées tropicales ou de sorgho pour une valorisation en fourrage ou pour la méthanisation.
Option 2 : Développer l’irrigation pour accroître les rendements
Des cultures nouvelles pourraient valoriser l'offre accrue en températures et en rayonnement. Les cultures habituelles pourraient voir leur rendement stabilisé par une meilleure valorisation de la ressource hydrique hivernale.
Il s'agit donc de développer une irrigation d'appoint sur la rotation colza/blé/orge. Mais les investissements liés à l'irrigation sont importants et leur réalisation dépendra très probablement de la possibilité d’implanter sur certaines surfaces (les sols les plus profonds et les moins caillouteux) des cultures à plus forte valeur ajoutée, telles que le maïs ou le blé dur.
Dans une région où la ressource en eau est déjà sous tension en période d’étiage, cette stratégie n’est envisageable que par le développement du stockage hivernal de l’eau et donc le développement de réserves collinaires. Elle pourrait poser des problèmes de conflits d'usage sur la ressource en eau.
Option 3 : Améliorer la résilience en diversifiant les cultures et en adoptant des techniques de conservation des sols
L'objectif est de diversifier le système pour le rendre plus résilient, d'améliorer la capacité des sols à retenir l'eau, de réduire les difficultés d'implantation du colza et des cultures de printemps, et de mieux positionner les cycles de culture. Les techniques de l’agriculture de conservation, notamment la couverture permanente des sols, améliorent la teneur en matière organique et assurent une bonne humidité en surface favorable aux semis (en particulier colza). Les cultures intermédiaires favorisant les enracinements des cultures de printemps devront être positionnées au sein de rotations plus longues et plus diversifiées, grâce à l'introduction de légumineuses notamment.
Cette stratégie dépend de l'adaptation des techniques au contexte local et des possibilités de valorisation des couverts et cultures intermédiaires.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :